Numérique, mon ami

mercredi, novembre 02, 2005

Le gouvernement garde sa carte en main

C'est parti : à partir de ce mois de novembre, la France commence à délivrer des passeports dits "biométriques" (car dotés d'une puce électronique renfermant une photo et des empreintes digitales sous forme numérique).
Mais qu'en est-il de la Cnié, la fameuse Carte nationale d'identité électronique, au coeur d'un grand débat organisé par le Forum des droits sur l'Internet au printemps ? L'information est - me semble-t-il - passée inaperçue, mais fin septembre, au Forum mondial de la démocratie électronique à Issy-les-Moulineaux, le M. Cnié du ministère de l'Intérieur, Philippe Sauzey, a expliqué que la carte ne sortirait finalement pas avant 2008 (elle était prévue pour l'année prochaine). Ce délai de réflexion sera-t-il mis à profit pour remettre en cause certains aspects du projet (le caractère obligatoire et payant de la carte, la centralisation des données...) ? Peut-être. Mais malheureusement, il serait sans doute illusoire d'espérer l'abandon total ce de projet, dont l'utilité reste encore à prouver.

PS : en attendant, on peut toujours pétitionner contre.

PS 2 : je retombe par hasard sur le discours de notre Premier Ministre à l'Assemblée nationale en mars :
« La sécurisation des titres d’identité, Monsieur le Député, vous avez raison, constitue un enjeu majeur :
C’est un enjeu dans la lutte contre le terrorisme.
C’est un enjeu dans la lutte contre l’immigration irrégulière, et la possibilité d’introduire des identifiants biométriques dans les titres de séjour mais aussi dans les visas constituera un élément déterminant.
C’est enfin un enjeu majeur, vous l’avez rappelé, pour tout ce qui concerne les faux papiers, mais c’est un coût pour la Nation de plusieurs milliards d’euros.

Alors pour cela nous avions un choix : soit faire appel à Zorro, mais Zorro ne pouvait pas répondre seul à la situation. Et c’est pour cela, Mesdames et Messieurs les Députés, qu’il fallait faire appel à INES, "l’identité nationale électronique sécurisée", car c’est la seule réponse. »

C'est beau, ce lyrisme, parce que jamais le ministère de l'Intérieur n'a jamais été capable de sortir un seul chiffre sur l'étendue de la fraude aux papiers d'identité en France.